La période de changement économique tend à poser sur la table de nombreuses interrogations.
Depuis quelques mois, certaines entreprises ont largement profité de ce déséquilibre financier mondial pour augmenter leur prix mais aussi les marges aux dépens des consommateurs.
C’était une prise de décision qui était à l’origine inévitable mais largement signalée. Pourtant, aujourd’hui, un certain scepticisme se développe dans l’esprit des décideurs politiques, des économistes, mais aussi des consommateurs.
Ce sont notamment les marges exceptionnelles ainsi que les bénéfices grandissants qui ont donné lieu à une nouvelle tendance : le “greedflation”.
Il provient de la contraction de l’anglais “greed” qui signifie cupidité, et “inflation” qui a la même traduction en français. Le principe est assez évident, il s’agit pour les entreprises d’augmenter les coûts de leur produit pour faire croître les bénéfices.
Si l’inflation a fortement frappé les pays du monde entier, l’augmentation des prix paraît comme une solution pour relever l’économie. Cependant, la tendance est toute autre lorsqu’il s’agit d’amplifier la marge bénéficiaire alors que l’entreprise n’en a tout simplement pas besoin.
Le problème, c’est qu’elle est pendant longtemps passée inaperçue compte tenu de l’inflation mondiale.
Des niveaux records de bénéfices pour les entreprises privées
Une investigation du Financial Times a été très claire sur le sujet. Depuis deux ans, de nombreux organismes financiers privés aux États-Unis et en Europe ont vu leur situation économique être stable et voire même en bonne santé, malgré les évènements douloureux qu’ont été la pandémie et la guerre en Ukraine.
“Même avec les goulots d’étranglement des chaînes d’approvisionnement, les tensions sur le transport maritime mondial et les perturbations de l’approvisionnement en énergie et en matières premières, les bénéfices des entreprises ont bondi”.
Selon le rapport de la Federal Reserve Economic Data sur les profits après impôts des entreprises privées, il y a eu un pic assez impressionnant à partir du deuxième trimestre 2020. En effet, les bénéfices sont passés de 985 804 milliards de dollars à 2 107 313 milliards de dollars.
Si l’on en croit les chiffres, il pourrait même s’agir du pic record de bénéfices jamais générés par ces entreprises privées.
Si cette manigance a su tenir plusieurs mois, ce n’est aujourd’hui plus le cas car de nombreux économistes ont décidé de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet.
Deux personnages politiques ont d’ailleurs pris parole pour dénoncer cet acte.
D’un côté, Bernie Sander s’est exprimé sur le fait que des organismes comme McDonald’s, Starbuck ou encore Amazon augmentent leur prix, ce qu’il considère comme “un problème de cupidité”.
D’un autre côté, c’est Albert Edwards, un stratégiste britannique de la Société Générale, qui est à l’origine de l’appellation de “Greedflation” suite à l’augmentation record de 17,5% des produits d’épicerie au Royaume-Uni.
Vers une fin du Greedflation ?
Depuis que les révélations ont été faites par différents acteurs du monde politique et économique, de nouvelles mesures ont été mises en place pour contrer cette tendance opportuniste.
En Californie, le gouverneur Newsom a décidé de signer une loi sur les prix du gaz et du pétrole afin de dénoncer “les entreprises qui ont opéré pendant des décennies dans l’ombre tout en escroquant des familles et en engrangeant des profits records”.
De la même façon à New York, la procureur générale Letitia James a annoncé imposer des règles sur les prix abusifs afin de protéger à la fois les consommateurs, mais aussi les petites entreprises.
Entrerait-on dans une ère de contrôle total des prix ?